La veille bibliographique dans tous ses états
Un des enjeux majeurs de toute bibliothèque qui se respecte, c'est l'acquisition de nouveaux ouvrages.
Aujourd'hui, il est presque trop facile de se tenir informé des différentes parutions livresques dans les domaines qui nous intéressent.
Mais :
$ le budget n'est pas illimité,
✖ la place non plus,
⏳ votre temps de lecture non plus,
✨les lecteurs sont exigeants, et à raison,
✅ il s'agit de ne pas se tromper, au risque de mettre par terre toute la politique documentaire dessinée en amont.
Il faut donc choisir, en prenant en compte tous ces éléments et toute cette pression.
Mais que choisir, et surtout comment ?
La veille bibliographique, c'est quoi ?
Commençons par le commencement, et parlons définition.
Une veille, de manière générale, c'est le fait de garder un œil ouvert, et surtout attentif, sur les nouveautés plus ou moins récentes dans un domaine thématique particulier.
Une veille bibliographique réduit le domaine thématique aux livres, ce qui nous intéresse ici.
Néanmoins, une veille bibliographique "globale" a peu d'intérêt. Les livres, c'est un sujet tellement vaste... Et même si on ne s'intéresse qu'aux nouveautés, ça reste extrêmement large. Bien trop large pour être efficace.
Une "bonne" veille bibliographique doit donc être un minimum ciblée.
La cible peut contenir :
- Un domaine d'acquisition précis
- Une tranche d'âge
- Un sujet ou un thème
Par exemple : une veille bibliographique sur les bandes dessinées à destination des 8-12 ans, sur le thème de l'inclusion.
Il y a veille et veille...
Avant d'aller plus loin, je tiens à faire la distinction entre deux types de veille bibliographique :
- la veille "datée"
- et la veille "argumentée"
(je précise que ces termes ne sont pas du tout officiels.)
Ces deux veilles bibliographiques sont intéressantes et se complètent parfaitement.
La veille "datée" va interroger des bases de données répertoriant les ouvrages en fonction de leur date de parution. Ces bases de données sont, par exemple : la BNF, Electre, ORB. Ces outils vous permettent de ne louper aucune sortie livresque, ce qui est une très bonne base.
Si ma veille est bien ciblée en fonction de ma politique documentaire, elle va me remonter des informations pertinentes qui vont m'aider à choisir mes prochaines acquisitions.
Mais même si ma veille est très ciblée, comment être sûr que ces livres correspondent à la vision de ma médiathèque ? Le résumé ne suffit pas toujours et peut parfois être trompeur. Il y a parfois des rééditions qui ne sont donc pas de vraies nouveautés.
La première réponse coule de source : les lire, bien sûr !
Le problème : le temps, évidemment (et également le budget, la place de stockage, les contraintes logistiques…)
Heureusement, différentes solutions existent, et notamment, les sources de veille "argumentées".
Les différentes sources de veille bibliographique argumentées
Nous l'avons dit, il ne s'agit pas d'avoir uniquement accès à la liste des titres à venir : c'est une donnée essentielle, mais beaucoup trop large pour rentrer dans votre temps, sans parler de votre budget ou de vos étagères.
Nous allons donc nous concentrer sur la veille bibliographique argumentée.
Plusieurs excellentes sources sont à votre disposition, certaines gratuites, d'autres payantes, certaines très éclectiques, d'autres très ciblées. Je ne vais pas toutes les citer ici, car elles sont pléthore. Mon but est de vous donner un aperçu de ce qui existe.
Les sources de veille bibliographiques traditionnelles :
- Vos libraires Vos libraires vous connaissent et savent donc quels sont les titres susceptibles de correspondre à votre politique documentaire. Ils peuvent même, selon vos accords, organiser pour vous des rencontres littéraires et/ou des offices (physiques et/ou numériques) pour vous présenter les nouveautés. Ils partagent cependant l'une de vos contraintes : le temps.
- La presse spécialisée
Les livres y sont chroniqués par des spécialistes et vous permettent de vous faire un avis éclairé. La difficulté : vous mettre à la place de vos lecteurs, et non des chroniqueurs parfois trop pointus.
- Vos propres lecteurs (!)
Evidemment, les désirs ne sont pas toujours à prendre pour des ordres, mais bien à passer au filtre de votre politique documentaire afin de ne pas en dévier !
Les "nouvelles" sources de veille : les réseaux sociaux
Difficile aujourd'hui de passer à côté du phénomène des réseaux sociaux "livresques". Et encore plus difficile de ne pas les prendre en compte.
Booktube (sur Youtube), Bookstagram (sur Instagram), Booktok (sur tiktok)… c'est quoi tout ça ?
Ce sont des gens, de tous les âges, de tous les styles, lecteurs de tous les genres littéraires qui prennent leur caméra ou leur micro pour mettre en scène leurs lectures. Et ce qu'ils en disent peut avoir une immense influence sur vos lecteurs, et donc sur vous.
Pourquoi les écouter ?
Eh bien, parce que ce sont des lecteurs. Peut-être pas VOS lecteurs, mais des lecteurs qui partagent la passion de la lecture. Car c'est là une partie de la magie des livres : une fois lus, la poussière de fée qui était cachée entre les pages peut se partager. Et avec les réseaux, ce partage touche potentiellement tout le monde, y compris vos lecteurs à vous.
Chaque lecteur a un ou plusieurs genres de prédilection. Il y aura toujours au moins un autre lecteur qui partage les mêmes goûts. Donc au moins une personne à suivre/ajouter/liker.
Vous préférez les avis "pro" ?
Pas de problème : vous allez retrouver vos libraires et vos collègues sur ces plateformes. Peut-être y êtes-vous déjà vous-mêmes !
Si je reprends mon exemple de tout à l'heure sur les bandes dessinées pleines de peps, LA personne à suivre est une bibliothécaire au grand cœur et au grand sourire : elle s'appelle Pauline et partage son quotidien de lectrice et de bibliothécaire sur instagram (vous la trouverez sous le pseudo @pauline.jqm). Pour des bandes dessinées adulte (mais pas que) : elle s'appelle Susana (@bibliothécaire_bd). Mais aussi Romain (@jetebulle) et Aline (@impressions_graphiques) et Jonas (@libraire.grognon). Il y en a énormément !
Le gros avantage : ces personnes ne partagent pas seulement des nouveautés et vous pouvez trouver des pépites qui correspondent parfaitement à votre politique documentaire.
Vous allez me dire : ok, très bien, mais ça fait beaucoup de sources. Et finalement, le temps de veiller tout ça, c'est du temps qu'on aurait pu passer à lire/conseiller/orienter/ranger/cataloguer… Et vous avez raison.
Et pour rajouter encore du chalenge, vous devez aussi choisir dans un temps limité : fin de budget, rentrées littéraires, fêtes de fin d'année, rentrée scolaire, salons, tirages limités…
Bref, ce serait pas mal d'avoir tout sous la main pour pouvoir faire son choix plus facilement et plus efficacement.
Rassembler vos sources de veille à un seul endroit pour faciliter vos choix
La bonne nouvelle, c'est que toutes ces ressources (ou la plupart) peuvent être converties en flux RSS.
Les flux RSS, c'est quoi ?
C'est un peu des fenêtres magiques qui donnent sur un paysage particulier, le paysage pouvant être un site internet, un réseau social, un blog… Ces fenêtres sont magiques parce qu'elles se mettent automatiquement à jour, et qu'elles sont gratuites.
Il existe de nombreux outils pour créer et rassembler ces fenêtres. Vous avez peut-être déjà entendu parler de Feedly par exemple, ou Netvibes, ou encore Inoreader. L'avantage avec ces outils, c'est que vous pouvez également suivre un sujet plus ou moins précis, et que l'outil va lui-même vous sélectionner des sources qui parlent dudit sujet.
Mais on est d'accord, ça fait un outil supplémentaire à intégrer à votre routine déjà bien remplie. L'idéal serait de pouvoir tout avoir directement intégré dans votre environnement professionnel.
Rassembler toute votre veille bibliographique au sein votre environnement professionnel, grâce à Syracuse
C'est possible avec le logiciel Syracuse, et ce, de plusieurs façons.
Un tableau de bord dédié
Vous pouvez paramétrer ce que l'on appelle un tableau de bord professionnel, dédié à la veille bibliographique sur un domaine précis. Ce tableau de bord permet de rassembler du contenu provenant de nombreux endroits, et pas forcément en flux RSS.
Ce tableau de bord pourrait être connecté à la fois aux bases de veilles bibliographiques "datées" et ciblées, et aux bases de veilles bibliographiques "argumentées" qui vous intéressent.
Vous pourriez définir des raccourcis vers vos chaines booktube favorites, ou bien vers les suggestions de vos lecteurs.
Vous pourriez même faire remonter les flux RSS de la presse que vous suivez ou de vos site d'actualités livresques préférés.
Et ça ressemblerait à quelque chose comme ça :
(Si vous voulez en savoir plus sur les tableaux de bord, nous avons tourné un webinaire dédié à ce sujet. Pour le visionner, c'est juste là.)
Une page web publique ou privée
Si vous préférez, vous pouvez aussi créer une page web, accessible à tous (pourquoi pas) ou bien seulement aux acquéreurs.
Sur ces pages, vous pouvez faire apparaitre des flux RSS bien sûr, mais aussi les dernières vidéos youtube de vos bookstagrammeurs préférés, vous pouvez intégrer des site web, des fils d'actualité facebook/twitter/instagram... Les possibilités sont nombreuses.
Cela peut vous permettre de mettre en valeur votre travail et d'ajouter de la transparence dans vos échanges avec vos lecteurs. Ils peuvent même avoir un espace dédié à leurs suggestions.
Un tableau de bord ou une page feront ainsi le travail d'agrégation de contenu et vous permettront d'avoir toutes vos sources de veille sous les yeux, sans quitter votre environnement de travail ! Ce qui va évidemment grandement faciliter la préparation de vos acquisitions futures (mais ça, ce sera pour le prochaine épisode ).
En bref
Pour une veille bibliographique efficace :
✅ vous devez d'abord sélectionner vos sources,
✨ puis les rassembler au même endroit pour gagner du temps.
Avec tout ça, je ne peux évidemment pas vous promettre que vous ne passerez pas à côté de LA nouveauté.
Mais je peux vous assurer que vous ne passerez pas à côté de VOS nouveautés.
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Écrit par mvidal